Un temps pareil

Viennent les noms des dunes, des lieux de nulle partDunkerque et Saint-Omerrien d’autre que du sable et des digues et des digues levées de toutes partsviennent les longs canaux qui coulent sans vouloiret les rues qui déroulent qui creusent et qui attendentqui font un temps sans ciel et un temps sans orageun temps juste pareil à celui d’autrefoisqui ne dirait rien d’autre n’effacerait personne et n’enlèverait rienviennent les noms du Nord, Malo et Leffrinckouckeceux qui ne savent pas qu’ils débarquent le ciel et remplissent le vide de traces bien connuesceux qui ne comptent pas l’espace qu’on se donne.Viennent des mots soudain couleur ordinateurqui lancent devant eux des plages et des briques et des vagues et des vagueset des forces encore qu’on ne soupçonne pas ;et ta chaleur enfin et je t’offre mes cuisseset ta lumière enfin et je t’offre mes yeux et ton passage au loin et je t’offre mon ventre :c’est par là que tu fonces, par Lille et par Boulognec’est par là que tu files et laisses dans ta chargece que j’ai de colère.Voici le temps de vivre ce qu’on attend mille anset qui fuse et qui frappe et ne s’arrête paset force le silence ;voici le temps que brûle le monde dans le ventre :ici comme Thoreau j’emprunte et je regardeet je lis et j’attends l’esprit des territoires météorologiquesles désobéissanceset l’infini des rêvestout comme un toit de ciels entre le ciel et moiqu’on appellerait Nord.