- EAN13
- 9782735117741
- Éditeur
- Éditions de la Maison des sciences de l’homme
- Date de publication
- 21/10/2015
- Collection
- Ethnologie de la France
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Les sourds c’est comme ça
Ethnologie de la surdimutité
Yves Delaporte
Éditions de la Maison des sciences de l’homme
Ethnologie de la France
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782735117741
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Les sourds-muets, aujourd’hui rebaptisés « sourds » - ce qui n’est pas sans
entraîner quelques confusions - ont été entièrement délaissés par les sciences
sociales, qui ont cru sur parole le discours médical de la déficience et de sa
réparation à tout prix. Ce discours, qui semble relever de l’évidence tant la
surdimutité est un objet de scandale pour la pensée ordinaire, est pourtant
historiquement daté : au xixe siècle, les sourds-muets étaient reconnus comme
une catégorie anthropologique, avant que la langue des signes ne soit
interdite pendant cent ans à partir de 1880 dans les instituts d’enseignement.
Les sourds sont porteurs d’une radicale étrangeté. Pour eux, être sourd réfère
moins à un déficit d’audition qu’à l’affiliation à un groupe linguistique et
culturel. Symétriquement, l’entendant est moins celui qui est pourvu
d’audition que l’autre culturel : celui qui, ne connaissant pas la langue des
sourds, se méprend sur ce qu’ils sont. Un profond sentiment de complétude,
incompréhensible pour les tenants de l’idéologie de la déficience, se fonde
sur l’existence d’une langue qui, pour emprunter un canal différent de celui
de toutes les autres langues humaines, n’en présente pas moins les mêmes
fonctions et les mêmes richesses. « Les sourds, c’est comme ça » : telle est
l’expression qui conclut fréquemment les récits, et qui a pour fonction de
souligner ce qu’il y a d’unique dans l’expérience sourde du monde. Fidèle à sa
vocation, qui est de décrire les productions collectives d’un groupe humain,
telles qu’elles sont vécues et pensées par lui, l’ethnologue donne à voir
l’autre côté du miroir. Lui aussi montre, à sa manière, que « les sourds,
c’est comme ça ». Bilan de sept années d’enquête, ce livre vient infirmer les
représentations communes de la surdimutité comme malheur individuel. Il la
montre telle qu’elle est : une singularité qui a trouvé sa voie propre pour
accéder à la symbolisation.
entraîner quelques confusions - ont été entièrement délaissés par les sciences
sociales, qui ont cru sur parole le discours médical de la déficience et de sa
réparation à tout prix. Ce discours, qui semble relever de l’évidence tant la
surdimutité est un objet de scandale pour la pensée ordinaire, est pourtant
historiquement daté : au xixe siècle, les sourds-muets étaient reconnus comme
une catégorie anthropologique, avant que la langue des signes ne soit
interdite pendant cent ans à partir de 1880 dans les instituts d’enseignement.
Les sourds sont porteurs d’une radicale étrangeté. Pour eux, être sourd réfère
moins à un déficit d’audition qu’à l’affiliation à un groupe linguistique et
culturel. Symétriquement, l’entendant est moins celui qui est pourvu
d’audition que l’autre culturel : celui qui, ne connaissant pas la langue des
sourds, se méprend sur ce qu’ils sont. Un profond sentiment de complétude,
incompréhensible pour les tenants de l’idéologie de la déficience, se fonde
sur l’existence d’une langue qui, pour emprunter un canal différent de celui
de toutes les autres langues humaines, n’en présente pas moins les mêmes
fonctions et les mêmes richesses. « Les sourds, c’est comme ça » : telle est
l’expression qui conclut fréquemment les récits, et qui a pour fonction de
souligner ce qu’il y a d’unique dans l’expérience sourde du monde. Fidèle à sa
vocation, qui est de décrire les productions collectives d’un groupe humain,
telles qu’elles sont vécues et pensées par lui, l’ethnologue donne à voir
l’autre côté du miroir. Lui aussi montre, à sa manière, que « les sourds,
c’est comme ça ». Bilan de sept années d’enquête, ce livre vient infirmer les
représentations communes de la surdimutité comme malheur individuel. Il la
montre telle qu’elle est : une singularité qui a trouvé sa voie propre pour
accéder à la symbolisation.
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