Les abris mensongers
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EAN13
9782221225813
Éditeur
FeniXX rédition numérique (Robert Laffont)
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
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Les abris mensongers

FeniXX rédition numérique (Robert Laffont)

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782221225813
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    9.49

  • Aide EAN13 : 9782221225820
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    9.49
Ce que nous appelons communément notre monde — notre monde physique,
historique, psychologique —, il semble bien que Carlo Suarès n’y voie qu’un
gigantesque jeu d’illusion réglé par quelque enchanteur diabolique, un jeu de
contradictions mutilantes qui oppresse l’individu et l’empêche de naître à
lui-même. Apeuré, culpabilisé, celui-ci, constamment, est tenté par la
démission et cherche refuge dans ces Abris mensongers, à la morgue rassurante,
que sont les grandes familles, les clans politiques où elles se projettent,
les valeurs « traditionnelles » dont elles se réclament. Ainsi le jeune
Guérin, cloîtré dans la maison Nadaule dont son grand-père, devenu fou, a muré
la porte et bloqué les fenêtres, s’interroge, dans l’angoisse, sur le mystère
de sa naissance et de sa filiation, dont tout le monde lui dérobe le secret
apparemment inavouable : à cet étouffement progressif, il n’échappera que par
un incendie et par le parricide. La « maison France », dans la deuxième partie
du roman, incarne, aux yeux de Guérin devenu adolescent, l’espoir d’un rachat,
d’une sécurité intérieure : nous sommes en pleine affaire Dreyfus, il n’a qu’à
s’abandonner à l’entraînement naturel de la bourgeoisie fortunée à laquelle il
appartient. Cependant son oncle Barthélemy, qui l’a recueilli après le
naufrage de la maison Nadaule et se trouve être un des hommes les plus
puissants de l’heure, a pris le parti de Dreyfus. Entre son oncle et ses
jeunes amis de droite, Guérin, incapable de vraie lucidité, est ballotté,
divisé, progressivement détruit ; et cet échec le reconduit à l’acte
incendiaire, A cette figure malheureuse, cernée avec délicatesse et
profondeur, Carlo Suarès oppose celle de Barthélemy, l’homme dont la pensée a
su s’élever au-dessus des tumultes et de l’illusion. Il a dépassé la peur,
s’est ouvert à la vérité et à l’amour. Son répondant est sa femme, qu’il aime
au point d’avoir accepté de la perdre, afin qu’elle vienne à lui en pleine
conscience et pleine liberté, sans être détournée par la passivité où son sexe
est traditionnellement tenu enfermé. A travers ce couple, ainsi, Carlo Suarès
annonce des temps nouveaux, une vie souveraine dont l’élan dépasse largement
les cadres étriqués de l’espace et du temps. Œuvre, on le voit, à la fois
réaliste et symbolique, Les Abris mensongers a un charme romanesque fort,
direct, envoûtant : la fiction, ici, n’est pas un simple prétexte à message,
elle exprime, au contraire, toute la richesse d’une vision où s’unissent à la
fois, servis par une étonnante souplesse d’écriture et de registrations,
l’intuition mystique, l’imagination concrète, et l’acuité de l’investigation
psychologique. En somme, le maître-livre d’un des plus grands esprits de notre
temps.

*[21 février]: selon le calendrier julien
*[XIXe]: Dix-neuvième
*[19 mars]: selon le calendrier julien
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