Le Retour de Silas Jones

Tom Franklin

Albin Michel

  • Conseillé par
    9 avril 2012

    « Le retour de Silas Jones » est le genre de roman qui me fait aimer la littérature américaine. Prenez une petite ville du Mississippi au cœur des années 70, une populace obtuse chez qui respectabilité et suspicion ne font pas bon ménage, ajoutez un jeune garçon solitaire qui aime la littérature horrifique, une jeune fille qui disparait mystérieusement, et vous obtenez un roman abouti, à la trame complexe et menée avec brio pendant plus de 350 pages, bref un grand moment de lecture !

    Le roman commence par une tentative de meurtre sur un des deux narrateurs de l’histoire, Larry Ott. Celui-ci est un marginal, le nez toujours fourré dans un bouquin (d’horreur de préférence), qui jouit d’une mauvaise réputation depuis sa jeunesse. Larry, c’est un peu le canard boiteux, le gosse qui n’aime pas le sport et s’isole, celui qui fait toujours tâche dans une petite ville parce qu’il est différent et que l’on aime traiter avec mépris. Alors quand une jeune lycéenne ne donne plus signe de vie, on suspecte bien vite Larry « Le Pourri », celui qui, plus de vingt ans auparavant, était déjà suspecté lors de la disparition de son rencard d’un soir. A partir de là, l’auteur fait de réguliers aller-retour entre passé et présent, entre les faits de l’époque et ceux de maintenant, et c’est à travers les récits croisés de Larry et Silas, le policier chargé de l’enquête, que l’on découvre l’ampleur du drame. Silas, ce gosse noir, qui le temps d’un court été, était devenu le seul et unique ami de Larry…

    Si je ne devais choisir qu’un seul mot pour décrire ce roman, ce serait : captivant ! L’auteur distille dès les premiers chapitres une foultitude d’interrogations et de faits troublants qui nous fait nous immerger complétement dans ce récit aux accents de thriller. On s’interroge sur la relation Larry/Silas, sur ce qui les a amenés à ne plus jamais se parler et sur les étranges liens qui semblaient exister entre leurs parents respectifs. L’ambiance est parfaitement restituée avec ce climat de méfiance propre aux petits bourgs du Sud rural, avec ses péquenauds et ses as de la gâchette, à une époque où l’on voyait encore du mauvais œil une amitié blanc-noir. L’air de rien, l’auteur aborde plusieurs thèmes majeurs tels la vieillesse, l’amitié, la relation père-fils, la force du qu’en-dira-t ’on, la différence, la solitude…Autant de sujets qui font de ce récit un pur bijou yankee. Il y a une réelle intensité dans le récit qui se dévore littéralement. C’est d’une grande force narrative sans être lourd, c’est poignant sans être larmoyant et c’est tragique sans être désespéré. Un roman que je conseille à tous les amateurs de littérature américaine, ainsi qu’à tous ceux qui aiment les récits forts et immersifs et les amitiés improbables.


  • Conseillé par
    11 janvier 2012

    Etats-Unis, Mississipi, Silas Jones est de retour dans la petite ville où il a passé son enfance. Une carrière dans le base-ball abandonnée à cause d’une blessure fait de lui un agent de la mairie et de la police désormais. Une jeune femme a disparue et la population se tourne vers Larry Otts. Une dizaine d’années plus tôt, la jeune fille qu’il accompagnait lors d’une soirée s’est envolée dans la nature. Les deux hommes se connaissent. Mieux, ils étaient amis dans les années soixante-dix même si la couleur de leur peau le leur interdisait.

    Lorsque Silas Jones vient habiter avec sa mère sur les terres du père de Larry Otts dans le Mississipi, il découvre qu’être noir dans cet état du Sud n’est pas chose facile. Larry, fils unique, est rejeté par son père qui ne voit en lui qu’un raté. Larry et Silas vont devenir amis et entretenir cette une relation dissimulée aux yeux de tous. Mais un jour tout dérape. Le père de Larry les surprend et les oblige à se battre.Des mots sont dits, regrettés, le mal est fait : Larry et Silas s'ignorent et s'évitent. Quand Larry est arrêté et soupçonné d’avoir tué une jeune fille, Silas ne défend pas son ancien ami. Larry est relâché faute de preuves mais les gens de la région le considèrent toujours comme un coupable. Mais, je ne vous en dis pas plus sauf lisez-le!
    Alternant judicieusement passé et présent,Tom Franklin nous dépeint à travers ces deux personnages le Mississipi sur plus de trente années. La ségrégation raciale bien entendu mais beaucoup plus. Le poids du mensonge, des non dits et celui de la culpabilité, de la rédemption. La psychologie des personnages est creusée. Fouillée.
    Avec une écriture très visuelle, je me suis imaginée chaque scène, chaque lieu ! Et si la mention de roman est indiquée, ce livre a la trempe d’un policier et j’ai tourné frénétiquement les dernières soixante pages.

    ll y a des livres que l'on ouvre, qui vous accrochent et vous passionnent, ce livre en fait partie. Assurément.
    En conclusion, une réussite totale et un livre magistral !