- EAN13
- 9791091276061
- Éditeur
- La Marquise Maïna
- Date de publication
- 04/2012
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9791091276061
-
Fichier PDF, avec DRM Adobe
- Impression
-
Impossible
- Copier/Coller
-
Impossible
- Partage
-
6 appareils
14.50 -
Fichier PDF, avec DRM Adobe
**Table des mati eres**
Le diner eut lieu a l'Hotel de France, le restaurant gastronomique d'Aubutin,
ou l'on degusta poularde et Pommard devant un bon feu de bois dans la
cheminee. Il restait un mois et demi pour regler tous les details de
l'operation. L'abbe avait consigne dans un petit memoire l'ensemble de ses
exigences : les commerçants partenaires offriraient a leurs clients un cadeau
pieux a l'occasion de leurs achats de fin d'annee. En revanche, liberte leur
serait laissee quant au choix des objets distribues - et payes par eux - :
images saintes, crucifix, missels, breloques religieuses, a la condition
toutefois que figure sur la publicite et les emballages la mention « avec la
benediction de l'abbe Pouk ». Tous les clients, qu'auraient ebranles ce
message salutaire tombe du ciel en un moment inattendu, seraient convies a une
messe de minuit exceptionnelle. En effet les peres Pouk, Kateb et Pham Van
Long executeraient la sainte ceremonie sur un rythme New Orleans et
chanteraient des negro-spirituals.
La stupefaction enjouee de ses convives en dit long sur l'effet provoque par
le discours pastoral. L'abbe Pouk se sentit pousser des ailes de Messie : il
lui avait suffi de parler pour que ces marchands, jusque-la si eloignes de
Dieu, fussent prets a rejoindre comme de petits enfants le troupeau du
Seigneur ! Marice-Celine Guillaume, la patissiere, suggera que la photo du
pretre figurat sur tous les documents publicitaires qui accompagneraient le
lancement de l'operation. Chacun se rangea a cette idee magnifique. Aussitot
dit, aussitot fait : la patissiere prit plusieurs cliches. Des liqueurs furent
servies tandis que chacun parcourait d'un oeil distrait le contrat redige par
l'abbe. Celui-ci proposa une nouvelle reunion de travail pour le peaufiner,
mais chacun opposa le temps perdu, les contraintes professionnelles de Noel,
les nombreux preparatifs necessites par la realisation du projet.
C'est au volant de sa vielle Ford Taunus aux portieres de couleurs
depareillees que Fedor Pouk se laissa gagner par le doute alors qu'il
rejoignait sa cure vers une heure du matin. La promptitude avec laquelle ses «
partenaires » avaient signe le contrat l'inquietait retroactivement. A ses
yeux il ne s'agissait que d'un projet prealable, d'un cadre appele a faire
l'objet de discussions ulterieures. Toutes les clauses d'execution n'y etaient
pas detaillees. Or il se trouvait soudain engage sans que les garanties
necessaires eussent ete prises. Et pourquoi s'etait-il embarque dans le projet
insense de faire chanter des negro-spirituals par les peres Kateb et Pham Van
Long ? Le rire diabolique du barbu, Paul Clairon, le maitre d'oeuvre de toute
cette histoire, obsedait sa memoire : sans nul doute, il s'etait fait avoir !
Une nouvelle version de l'arroseur arrose !
Le diner eut lieu a l'Hotel de France, le restaurant gastronomique d'Aubutin,
ou l'on degusta poularde et Pommard devant un bon feu de bois dans la
cheminee. Il restait un mois et demi pour regler tous les details de
l'operation. L'abbe avait consigne dans un petit memoire l'ensemble de ses
exigences : les commerçants partenaires offriraient a leurs clients un cadeau
pieux a l'occasion de leurs achats de fin d'annee. En revanche, liberte leur
serait laissee quant au choix des objets distribues - et payes par eux - :
images saintes, crucifix, missels, breloques religieuses, a la condition
toutefois que figure sur la publicite et les emballages la mention « avec la
benediction de l'abbe Pouk ». Tous les clients, qu'auraient ebranles ce
message salutaire tombe du ciel en un moment inattendu, seraient convies a une
messe de minuit exceptionnelle. En effet les peres Pouk, Kateb et Pham Van
Long executeraient la sainte ceremonie sur un rythme New Orleans et
chanteraient des negro-spirituals.
La stupefaction enjouee de ses convives en dit long sur l'effet provoque par
le discours pastoral. L'abbe Pouk se sentit pousser des ailes de Messie : il
lui avait suffi de parler pour que ces marchands, jusque-la si eloignes de
Dieu, fussent prets a rejoindre comme de petits enfants le troupeau du
Seigneur ! Marice-Celine Guillaume, la patissiere, suggera que la photo du
pretre figurat sur tous les documents publicitaires qui accompagneraient le
lancement de l'operation. Chacun se rangea a cette idee magnifique. Aussitot
dit, aussitot fait : la patissiere prit plusieurs cliches. Des liqueurs furent
servies tandis que chacun parcourait d'un oeil distrait le contrat redige par
l'abbe. Celui-ci proposa une nouvelle reunion de travail pour le peaufiner,
mais chacun opposa le temps perdu, les contraintes professionnelles de Noel,
les nombreux preparatifs necessites par la realisation du projet.
C'est au volant de sa vielle Ford Taunus aux portieres de couleurs
depareillees que Fedor Pouk se laissa gagner par le doute alors qu'il
rejoignait sa cure vers une heure du matin. La promptitude avec laquelle ses «
partenaires » avaient signe le contrat l'inquietait retroactivement. A ses
yeux il ne s'agissait que d'un projet prealable, d'un cadre appele a faire
l'objet de discussions ulterieures. Toutes les clauses d'execution n'y etaient
pas detaillees. Or il se trouvait soudain engage sans que les garanties
necessaires eussent ete prises. Et pourquoi s'etait-il embarque dans le projet
insense de faire chanter des negro-spirituals par les peres Kateb et Pham Van
Long ? Le rire diabolique du barbu, Paul Clairon, le maitre d'oeuvre de toute
cette histoire, obsedait sa memoire : sans nul doute, il s'etait fait avoir !
Une nouvelle version de l'arroseur arrose !
S'identifier pour envoyer des commentaires.