En première ligne, Le journalisme au cœur des conflits
EAN13
9782804707347
Éditeur
Mardaga
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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En première ligne

Le journalisme au cœur des conflits

Mardaga

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782804707347
    • Fichier EPUB, libre d'utilisation
    24.99

  • Aide EAN13 : 9782804707347
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Réflexion sur le journalisme de guerre et ses implications.

L'histoire du journalisme de guerre offre des exemples exceptionnels de
courage et d'excellence, d'erreurs et de dérives aussi. Ce livre dépasse le
portrait des "baroudeurs de l'info" pour soulever les grandes questions
auxquelles ceux-ci ne peuvent se soustraire : comment conserver son
indépendance alors que tout pousse au parti paris ? Comment gérer la peur et
les risques ? Comment dire l'horreur ? Comment oser aller à contre-courant de
l'actualité, pour prévenir des nuages qui s'accumulent, couvrir les "conflits
oubliés" du bout du monde et revenir sur les guerres passées ?

Découvrez un ouvrage qui, allant au-delà du portrait de "baroudeurs de
l'info", soulève les grandes questions auxquelles les journalistes de guerre
ne peuvent se soustraire !

EXTRAIT

Quelques-uns, cependant, ont choisi de tout simplement dire la vérité. Lors de
la guerre de Crimée (1853-56), l’envoyé spécial du Times, William Howard
Russell, refusa d’encenser les généraux qui exposaient leurs propres troupes à
des dangers insensés et les condamnaient à des conditions de vie infâme. « En
portant à la connaissance de la nation britannique la souffrance de ces
troupes, William Russell sauva les rescapés de ces grands bataillons que nous
avions débarqués en septembre », s’exclama Sir Evelyn Wood, un éminent
officier de sa Gracieuse Majesté. Son rédacteur en chef, John Thadeus Delane,
membre éminent de l’establishment, l’appuya sans réserve et rédigea un des
éditoriaux les plus fameux de l’histoire du journalisme de guerre : « L’armée
la plus noble partie de nos rivages a été sacrifiée à la gabegie la plus
grossière, écrivit-il. L’incompétence, la léthargie, la morgue aristocratique,
la perversité et la stupidité règnent. Le Commandant en chef et son staff ont
survécu sur les hauteurs de Sébastopol, ils ont été décorés, anoblis, dûment
cités dépêche après dépêche, et ils rentrent chez eux pour jouir de pensions
et d’honneurs au milieu des os de 50 000 soldats britanniques. »
Lors de la Première Guerre mondiale, la grande presse choisit massivement le
camp des généraux et elle se gagna l’hostilité des soldats parce qu’elle
mentait sur la réalité de la guerre. La naissance de la « presse de tranchée
», dont le fameux Canard enchaîné, s’explique aussi par ce rejet d’une presse
aux ordres, qui présentait un tableau embelli de la guerre et célébrait la
grandeur des gradés arrogants qui envoyaient les poilus à la boucherie. « Au
fil des mois, se creusa un fossé croissant entre soldats et arrière, entre
informations publiées et réalité, écrit l’historien Bernard Cahier. La presse
le payera très cher après la guerre. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Paul Marthoz est journaliste, chroniqueur au Soir, professeur invité de
journalisme international à l'Université de Louvain, auteur de nombreux
ouvrages sur le journalisme international, dont Objectif Bastogne. Sur les
traces des reporters de guerre américains. Il a été directeur européen de
l'information de Human Rights Watch et correspondant en Europe du Committee to
Protect Journalists. Il a couvert l'Amérique centrale en guerre, le Pérou du
Sentier lumineux, la Colombie des narcos et pris part à des missions lors des
années de plomb en Algérie, en Afrique du Sud et en Turquie.
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