Daniel C.

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Rescapé de la dictature argentine, un italien rentre au pays. Jardinier taiseux, il tente d'oublier sa première vie lorsqu'il rencontre Làila.

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Tönle est un berger qui devient contrebandier pour nourrir sa famille jusqu'au jour où la guerre transforme le plateau d'Asagio, sur lequel ils vivent, en champ de bataille.
Sublime !

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Vous exagérez, cher monsieur. Et même vous vous trompez. Vous aurez beau chercher, vous ne trouverez rien. Cette fameuse âme russe n'existe pas. Les seules choses tangibles en sont l'alcool, la nostalgie et le goût pour les courses de chevaux. Rien de plus, je vous l'assure, écrivait Anton Tchekhov dans La Poste de Tver.
Placé en exergue du nouveau livre de Mathias Enard cette citation sonne comme un aveu. Parti à coups de mythes à la recherche de l'âme russe dans les premiers temps de la Russie post-soviétique, l'auteur se noie dans l'alcool et la nostalgie.
Aux heures chaudes de juillet dernier, sciant des planches d'étagères à livres au fond de mon gourbi, maculé de sueur et de sciure, j'écoutais, pour l'entrain, la première version radiophonique de ce texte donnée sur France Culture. La voix de Mathias Enard faisait de ma scie une plume et m'entrainait par le transsibérien jusqu'à Novossibirsk. Comme à chaque fois le même effet, amplifié au montage, dramatisé par les comédiens et le réalisateur.
J'ai pris le livre et l'ai lu à ma russe. J'avais encore les intonations de sa lecture. Je mettais des effets où ma russe n'entendait que des lourdeurs. J'avais le regard de Mathias Enard, des aubes empreintes de vodka, des artères staliniennes pleines de fantasmes, elle avait son vécu et toute sa littérature russe. Des écarts comme des satellites, Rolin, Kessel, autres regards croisés d'occidentaux se frottant au drame russe ne lui disaient rien.
J'ai relu pour moi le drame de Jeanne, Volodia et Mathias. Un voyage éteint exactement à mi-chemin entre Moscou et Vladivostock. En Sibérie, par ligne la plus droite, ou ailleurs par la ligne la plus courbe. Je l'ai lu comme une histoire d'avant l'alcool et la nostalgie. Magnifique.

Inconnu

Finitude

15,50
Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

En 1955, Nestor Burma revenu de tout et même plus, revient, au court d'une filature dans le 6ème arrondissement, rue Lobineau. Il passe devant les éditions du Scolopendre. Le scolopendre est une charmante espèce de mille pattes vorace dont la morsure est très douloureuse et que le capitaine Haddock a entré à son répertoire d'injures. Léo Malet ne rendait pourtant pas hommage au dessinateur rexiste repenti, loin s'en faut, mais à la maison d'édition du Scorpion créée au sortir de la guerre par Jean D'Halluin. Il publia sous les fameuses couvertures noire et rouge, les deux premiers volumes de la trilogie noire La vie est dégueulasse et Le soleil n'est pas pour nous. Fameuses, oui ! C'est sous ses deux couleurs que parut, en 1947, le premier livre d'un certain Vernon Sullivan traduit de l'américain par un trompettiste de jazz qui roulait au polar Boris Vian, J'irai cracher sur vos tombes. Chacun sait que ceci n'était qu'un pastiche, un canular au départ et que Vernon cachait son Boris. Cette affaire-là valu un tirage de 120000 exemplaires et un des plus célèbres procès de la littérature à son auteur et son éditeur.

Les éditions Fénitude, admirée par nous, ont la bonne idée de nous raconter tout ça dans leur quatrième livraison de la revue Capharnaüm en trois parties d'égal intérêt. La première est une biographie expéditive de Jean D'Halluin, sa gloire et sa déchéance éditoriale et physique. La seconde, la plus passionnante, repose sur le fonds de la correspondance de Raymond Guérin dont les éditions Finitude ont déjà publié la partie consacrée à Henri Calet et des extraits de celle échangée avec Malaparte. Cette correspondance, courte dans le temps s'achève brutalement au moment de la rupture du contrat qui lie les deux parties début 1951. C'est le moment où les éditions du Scorpion basculent dans la médiocrité en raison de la mauvaise gestion de Jean D'Halluin, ce qui entraine le départ des auteurs comme Vian, Queneau, Hyvernaud. Au fil des lettres, l'admiration, l'amitié cède le pas aux désaccords commerciaux tandis que Jean d'Halluin s'enfonce dans les prétextes et les excuses de plus en plus scabreux. La troisième partie nous présente le catalogue des publications de cette époque en belles couleurs rouge comme le sang et noire comme le scorpion.

Pour rendre hommage à cette sortie et à cet éditeur nous proposons les éditions actuelles des livres de Vernon Sullivan / Boris Vian, La trilogie noire de Léo Malet, les oeuvres complètes de Sally Mara / Raymond Queneau, La peau et les os de Hyvernaud. Espérons que Finitude ou Le Dilettante réédite un jour La main passe de Raymond Guérin, titre épuisé à ce jour.

Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d'un film culte

Points

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Au mois de juillet 1953, le comte Hubert James Marcel Taffin de Givenchy préparait sa prochaine collection d'hiver quand on l'interrompit :

Pardon, monsieur, Mlle Hepburn voudrait vous voir.

Il laissa là ses croquis pour accueillir la célèbre actrice de L'impossible Monsieur Bébé ou, comme vous venez de le voir, L'odyssée de l'African Queen, son dernier film sorti à cette date.

Bonjour, dit une fille brune qui ressemblait à grande brindille.
Bonjour, mademoiselle. Qui êtes-vous ?
Audrey Hepburn !
Ah, dit Givenchy. Pas Katherine ?
Non, pas Katherine... Monsieur, je viens de tourner un film intitulé Vacances romaines...
Je suis navré, mademoiselle, mais je suis très pris par ma nouvelle collection. Si vous voulez bien m'excuser...
Oui, bien sûr, je comprends mais...
Mademoiselle, je n'ai pas beaucoup d'assistantes et je suis pressé.
Je vous en prie. Il doit bien y avoir quelque chose à me faire essayer !

Audrey Hepburn était en quête d'un nouveau style, envoyée à Paris auprès des créateurs de mode par les producteurs de Sabrina, le film qu'elle devait bientôt tourner.
Au début, je n'ai pas voulu, déclarait à L'express, en 2008, Hubert de Givenchy. J'étais en pleine collection, j'avais huit ouvrières et elle avait besoin d'une trentaine de robes. Mais elle a tellement insisté: "Prêtez-les-moi, vous aurez le temps de les refaire!" J'ai finalement accepté et, ensuite, elle a demandé à chacun de ses contrats d'être habillée par moi.
Bien entendu, Audrey Hepburn devint l'égérie de Givenchy.
Accessoirement, Audrey Hepburn brilla, également, sur les écrans situés à l'ouest du rideau de fer. En 1954, au moment de la sortie française de Vacances romaines, dans le numéro d'avril des Cahiers du cinéma, Jacques Doniol-Valcroze écrivit : « Face à Gregory Peck, excellent comme à l'accoutumée, il y a, porteuse d'un nom terrible pour le cinéma, mais digne de le porter, inoubliable en tous points, Audrey Hepburn. Je ne me donnerai pas le ridicule de la découvrir. Gigi très applaudie, acclamée à New-York dans Ondine – et Giraudoux l'eut aimée – oscar 1954 – et quand fut-il plus mérité ? - ornant les couvertures de Life, Time et Look, Audrey Hepburn est peut-être aujourd'hui, à vingt-quatre ans, la plus célèbre des jeunes premières. Tous les adjectifs dont il faut user avec précaution lui conviennent : exquise, ravissante, émouvante, espiègle comme le vent, secrète comme la nuit, petite lune, petit soleil, jeune fille, princesse... ». Doniol-Valcroze jeune critique, jeune acteur, pas encore réalisateur, a, manifestement, l'Eau à la bouche.

Audrey Hepburn garda longtemps cette image de jeune fille sage, d'adolescente éternellement amoureuse : Drôle de frimousse, Ariane. Elle semblait figée dans ce type de rôle, refusant, entre autres, un script d'Hitchcock parce que son personnage subissait une agression sexuelle. Lorsque en 1960, enceinte de son premier fils Sean, on lui proposa le rôle de Holly dans l'adaptation du roman Breakfast at Tiffany's de Truman Capote, qui a pour sujet la rencontre d'une femme sexuellement libérée et d'un homme ouvertement gay, elle déclara au producteur : Oh, Martin ! Vous avez un script merveilleux (là un long silence) mais je ne peux pas interpréter une traînée. Malgré ses réticences et celles encore plus fortes de son mari, le très puritain Mel Ferrer, en raison de l'insistance de son agent qui craignait pour son avenir si elle n'évoluait pas dans sa carrière, elle interpréta ce rôle de traînée et son rôle suivant fut celui de Karen Wright, accusée d'avoir des rapports lesbiens, dans La rumeur.
Coco Chanel, dans les années vingt, années de deuil, modernisa la silhouette féminine en créant sa fameuse petite robe noire. Au cours des années qui suivirent, la petite robe noire, une des bases de la création en haute-couture, symbolisa, la discrétion et la correction pendant la crise des années trente, puis le luxe et l'élégance du New-look après la guerre. À la veille du tournage de Diamants sur canapé à l'automne 1960, le noir était la couleur des femmes fatales, il symbolisait le pouvoir, l'expérience sexuelle et le rejet de la domination masculine.
Portée par Audrey Hepburn, figure de la comédie romantique par excellence, la petite robe noire dessinée par Hubert de Givenchy, par son contraste sophistiquée, devint l'essence même du glamour. Après elle, n'importe qu'elle femme, quelle que soit sa situation, pouvait porter une telle robe et être chic partout et en toute circonstance.
C'est, du moins, ce qu'affirme Sam Wasson qui n'a pas écrit un livre, ce livre, uniquement sur la petite robe noire de Hubert de Givenchy et sur les doutes de Audrey Hepburn à interpréter le rôle de Holly. Il parle aussi de l'écrivain Truman Capote qui écrivit le roman à partir de la vie de ses amies new-yorkaises, de Blake Edwards, le réalisateur, qui ne connaissait rien à la mode, du compositeur Henry Mancini, sous qui perçait déjà une panthère rose, de l'acteur Mickey Ronney et de son art de la caricature. On voit, aussi, apparaître dans les seconds rôles : Colette, Doris Day, Marilyn Monroe, Billy Wilder qui, à un moment donné, eurent tous, leur part, dans l'élaboration du film.

Le dimanche 2 octobre 1960, à cinq heures du matin un taxi jaune remonta la cinquième avenue à New-York. L'avenue avait été évacuée pour le tournage de la scène. Ils n'avaient que peu de temps. Malgré l'atmosphère glaciale, les gens ne tarderaient pas à investir l'avenue où le premier secrétaire soviétique Nikita Khrouchtchev devait faire une apparition un peu plus tard dans la matinée. À bord du taxi, Audrey Hepburn, fumant cigarette sur cigarette, ses yeux cachés, derrière une paire de Rayban Wayfarer, pensait à Sean, son fils de dix semaines resté auprès d'une gouvernante en Suisse. Dans un sac en papier près d'elle, il y avait une viennoiserie et un café. Elle avait en horreur les viennoiseries. Mel Ferrer lui manquait tout autant qu'elle se réjouissait d'être séparée de lui. L'amour des adultes n'était pas celui qu'on voyait au cinéma, dira-t-elle. Et, comme si ça ne suffisait pas, Truman Capote était mécontent de l'adaptation. Tremblante, désespérée, elle se demandait ce qu'elle faisait sur ce tournage.

Le taxi s'arrêta au 727, cinquième avenue, devant Tiffany & Co. À la page 1 du script, il était écrit : la portière du taxi s'ouvre et une fille en descend. Elle est vêtue d'une robe de soirée décolletée dans le dos et porte, en plus de son sac à main, un sac en papier.