Librement inspiré d’un fait réel survenu en Suisse, ce roman est véritablement poignant. L’auteur rend un bel hommage à ce couple, Joseph et Louise, disparu en 1942, au pied du glacier des Diablerets dans les Alpes et dont les corps ne sont réapparus qu’en 2017 sous l’effet du réchauffement climatique. Entre ces deux dates, l’auteur s’attache à nous faire revivre les circonstances de la rencontre entre les futurs époux, leur vie paysanne rythmée par les saisons et les 4 naissances de leurs enfants, leur disparition, la famille brisée et éclatée par ce drame et en imaginant comment ces orphelins âgés de 12 à 4 ans ont vécu avec ce traumatisme. Bouleversant !
24 heures de la vie d’une travailleuse du sexe colombienne dans le Bois de Boulogne, débarquée à Paris il y a 20 ans après une transformation de genre passant de Ruben à Ruby et à Magda-Francia. 24 heures de souvenirs convoqués sur son enfance, son adolescence, son exil, sa famille, ses amours, ses illusions et désillusions. 24 heures de passages de 17 clients aux motivations et besoins multiples, recherchant réconfort, assurance et bien-être entre les mains de Ruby. La force de ce roman réside dans les identités plurielles abordées, à commencer par celles du personnage principal autour duquel gravitent une constellation de femmes, consoeurs d’infortune et d’hommes, clients de fortune. Il faut toute la subtilité de l’écriture de Nancy Huston et son minutieux travail d’enquête en amont pour partager le quotidien de ce microcosme tant décrié, en se jouant des clichés et en distillant de bonnes doses d’humour.
L'amour comme résilience
Léonora vit seule au Palais Mawal, dans Beyrouth-ouest, avec sa dame de compagnie et un couple de philippins. Son mari a quitté les lieux il y a 10 ans et vit à l’hôtel alors qu’elle avait pris un amant. Elle dilapide sa fortune en bonnes œuvres pour les réfugiés. Elle perd progressivement la vue et passe son temps à replonger dans le passé. Au-delà d’une famille maronite dans la tourmente, ce roman est riche de ce qui constitue le Liban, survivant, au centre de toutes les complexités humaines, religieuses et politiques. La plume de l’auteure dessine les portraits des beyrouthins à la dérive, des riches et des pauvres, des résignés et des battants, des nostalgiques et des pragmatiques, libanais d’origine, d’adoption ou d’exil qui à force de s’occuper à faire la différence entre eux, ne la font plus avec les autres. Et l’amour, comme résilience, qui se joue de tout et qui efface le quotidien douloureux et laborieux. Et l’humanité, comme outil de réconciliation. Et la tolérance, comme moteur de vivre ensemble.
Bouleversant !
Une des plus vieilles forêts d’Europe, à la fois protectrice, envoûtante et dangereuse, accueille trois femmes le temps d’une traversée intime : Alma, jeune exilée, tente de passer la frontière entre la Biélorussie et la Pologne pour vivre sa vie en liberté ; Nina, mère célibataire polonaise, se réfugie dans une maison familiale pour apprivoiser sa solitude et Véra, journaliste d’opposition biélorusse effectue une retraite loin du vacarme politique. Sur leur route, trois hommes tentent de les accompagner : un guide militant écologiste, un nationaliste, et un compagnon de clandestinité. Ce roman bouleversant d’humanité et superbement écrit dans une langue poétique fait se croiser six personnages, embarqués dans les méandres de la forêt, éprouvant son pouvoir de métamorphose, empruntant des chemins de traverses et parvenant à des carrefours inattendus. Les préoccupations d’ordre écologique, sociale et politique sont au cœur des agissements de ces hommes et femmes rêvant d’un monde meilleur.
Une bouleversante fiction introspective !
Sy, 70 ans, professeur de philosophie vit seul depuis le décès, il y a 10 ans, de sa femme, Anna. Lorsqu'il réinvestit le bureau de cette dernière pour rédiger un essai sur la part fantôme, il y découvre des matériaux littéraires et poétiques qui le transportent dans la géographie intime de ses souvenirs. Nous l'accompagnons à chacune de ses incursions dans le passé (enfance, famille, travail, voyages ...), nappées d' un climat de tendresse et de bienveillance. Paul Auster qui ne cesse de creuser les sillons de la nostalgie, l'attachement, la perte, la solitude, le jeu des "si" et des destins contrariés, nous livre là une bouleversante fiction introspective, parsemée d'allusions subtiles à ses précédents livres.