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Flammarion

Conseillé par
28 octobre 2010

Marcelo dès son plus jeune âge se ressent comme un garçon marginal: il n'assume pas ses pulsions de violences, il recherche désespérément l' assentiment de son entourage amis ou parents, mais ceux là n'ont que peu de choses à voir avec lui et le délaissent.

Il lui apparaît alors que sa vie prendrait un tour nouveau s'il possédait un revolver.
L'objet tant convoité devient accessible avec la rencontre de Lino, un chauffeur intéressé, qui finalement lui propose un prix bien cher payé...

Toute la vie d'adulte de Marcello sera dévouée à entrer dans cette norme si artificielle et si importante à ses yeux. Seulement, qu'est ce que la norme? Dans l' Italie fasciste de Mussolini, il s'avère que la norme est de devenir agent de l'état, et d'obéir à tous les ordres sans se poser de questions. Dans un tel état, devenir un conformiste à tout prix peut mener bien loin, au-delà de tout ce que l'on aurait pu admettre, et conduire paradoxalement à des actes exceptionnels, comme tuer, mentir, etc...

Ce livre de Moravia n'a pas eu le succès du célèbre "Mépris" par exemple, mais il mérite pourtant une grande attention. Il rappelle comme l'homme qui ne fait plus confiance à son jugement devient l'objet passif de la société, et n'a dès lors plus qu'à souhaiter que cette dernière soit saine et juste. Car il n'existe pas de norme à proprement parler, hormis celles que l'on se fixe et que l'on approuve. Au delà de tous les compromis dus au "contrat social", cette histoire insiste sur l'importance d'habiter son espace social et d'y être réellement actif, car le "conformiste" n'est que le pantin de sa société, un être pourtant conduit à des actes exceptionnels, comme en témoignent les nombreux crimes des masses qu'à connu l'histoire du 20°s.

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28 octobre 2010

On peine à rentrer dans ce long récit: on nous présente une héroïne sans grande originalité", "la beauté de Marylin Monroe et le cerveau d' Einstein": séduisante et intellectuelle, elle cacherait un secret éprouvant: une entrée en matière un peu banale.
Mais passé ce premier mouvement de recul, on se retrouve vite captivé par l'intrigue: des physiciens décidés à étudier la fastidieuse théorie des cordes, et la possibilité qu'elle recèle de pouvoir générer des images du passé.

Le roman reste empreint d'un mysticisme intéressant, l'une des premières tentations est de voir une image du Christ, le voir "Lui", comme il est souvent écrit.
La seconde tentation est celle du pouvoir et de la reconnaissance: quelles limites, quelles réserves conserver lorsque tout devient possible?
Une malaise se crée, un effet secondaire, baptisé "Impact" est suscité par la contemplation des images interdites du passé...
C'est finalement la question des limites qui est abordée, où peut-on et doit-on s'arrêter en matière de connaissance et de pouvoir? Quand les choses sont accessibles qui pourrait y renoncer?
Et l'on se surprend à ne plus pouvoir lâcher ce roman.
Si le style n'est pas marquant, le récit est créatif et bien mené, l'intrigue ne elle, laisse pas un moment de répit.

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28 octobre 2010

"Prends garde, Il te regarde"

Durant l'hiver 1943, la División Azul composée de militaires franquistes campe sur le front de Leningrad. Dans le décor apocalyptique de cette prison glacée, où les corps des chevaux statufiés défient ceux des soldats pétrifiés. Un corps est retrouvé. Il porte, gravé dans la chair une inscription : "Prends garde, Dieu te regarde".
Ce sera le point de départ d'une enquête, dans cette Russie véritable spectacle du dernier cercle des enfers.

Une enquête étrange, prisonnière de la morsure de l'hiver et de son chaos.

Empereurs des ténèbres, est un roman délicat à définir, tant il frôle de genres, tant il flirte avec la folie de ce froid omniprésent. L'intrigue emprunte à la fresque historique, et au thriller ses meilleurs éléments. Ignacio Del Valle nouveau prodige de la littérature espagnole nous offre dans ce décor fantomatique où le temps comme la morale semblent figés, une intrigue minutieuse, admirablement amenée. La quête d'un homme, un soldat, celle de ses démons intérieurs qui l'opposent à ce tueur sans visage sont bien entendu au coeur du roman, mais l'auteur parvient à diversifier les points de fuite de son roman. En conservant la même prose légère et fluide, sans jamais frôler le didactique il aborde un pan de l'Histoire douloureux et méconnu. C'est très documenté, et le roman n'en devient que plus simple, puisqu'évident et concret. Chaque détail du tableau sur lequel il oeuvre semble vivant, palpable.

C'est donc tant l'ingéniosité de l'auteur que son talent descriptif qui resteront en mémoire.

La vengeance est un plat que l'on dit préférable de manger froid, cet adage populaire prend ici tout son sens.

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28 octobre 2010

Ici nul n'est question de grand froid sibérien et de steppes glaciales sous fond d'artillerie et d'avancée de fantassins. Il est en revanche bien question d'un front imprenable et d'une mission impossible.

Le héros est ici un fonctionnaire, attaché aux ambassades des nouveaux pays de l'est. Un bureau "placard", où il est déchu par une suite de maladresses cocasses.
C'est un livre drôle, souvent classé - mais à tort - au rayon humour.
Mais le fond du propos, s'il reste auréolé de simplicité et de légèreté, est finalement bien acide.

L'auteur nous dépeint une réalité banale, parce qu'elle nous parle finalement un peu à tous de notre quotidien. Le héros à une mère abusive, un père maniaque et effrayé à l'idée que son fils ne devienne homosexuel quand celui-ci emprunte le parfum de sa mère au lieu de la virile eau de toilette Saint-Michel.

Il plaque sa vie de province pour un poste de fonctionnaire à Paris, pour emménager dans une chambre de bonne, dont tout l'espace est occupé par un écran plat. Il voyage surtout grâce aux images de Géo Magazine, et connaît des histoires d'amour plates.

C'est l'histoire d'une fonctionnaire qui prétend sortir du système grâce au système.
L'administration, parfois kafkaïenne, devient oppressante, et révèle un univers de petits chefs imbus de leur pouvoir, de formulaires et de loi du marché.

On rit beaucoup dans ce livre, mais finalement, c'est pour mieux passer la pilule.
L'histoire d'une vie, conclue le narrateur, c'est toujours l'histoire d'un échec.

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28 octobre 2010

Philippe Forest entremêle ici avec un talent d'écriture certain le parcours de sa famille, ou plus précisément de son père, passionné d'aviation, et celui d'un siècle en plein turbulence de la guerre mondiale.

On retrouve ici un faux-air air à la Apollinaire, où dans par exemple "Calligrammes", l'auteur relate avec poésie le fragile équilibre entre innovations techniques et conflits.
Et pour cause, dans les premières pages de ce long récit, on retrouve cette citation du poète:
Crains qu’un jour un train ne t’émeuve
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Il est des temps où il est dur de s'émouvoir de ces inventions de l'homme, plus destinées à détruire qu'à créer et lier. La guerre est souvent le moteur du progrès et sa perte...
C'est en partie l'ambition de ce livre, que de renouer avec cette folie douce de l'homme que de voler, avant qu'il ne s'avise que la hauteur pouvait servir à tuer.
Ce récit est celui d'un homme mur, mais aussi celui d'un enfant, qui se surprenait à regarder en rêvant cet homme qui était son père, et qui parcourait les nuages, ambition folle d'un siècle de délire.

Néanmoins le récit se fait par moment bien monotone, et la tonalité autobiographique finit par nuire au récit de ce siècle des nuages.
Si le style est fluide et gracieux, c'est sa densité et sa lenteur qui finissent par nuire à un texte néanmoins plein de poésie et d'espoir.

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