Anna S.

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7 mars 2024

Deux destins de femmes s’entrelacent dans le roman d’Abnousse Shalmani : celui de Forough Farrokhzad, poétesse de la protestation dans l’Iran des années 1950, et celui de Marie de Régnier, méconnue aujourd’hui et pourtant figure emblématique du Paris de la Belle Époque.
Le trait d’union entre ces deux femmes, c’est Cyrus, dit la Tortue, admirateur de la première et traducteur de l’amant de la seconde, à savoir le sulfureux Pierre Louÿs. La Tortue raconte à Forough la vie éclatante et fracassante de Marie de Régnier, qui devient pour elle un modèle d’audace et d’indépendance, tant dans le domaine amoureux que dans celui artistique. Car ce qui relie aussi ces deux femmes est le désir de liberté, d’échapper à une condition féminine très entravée dans des contextes bien différents.
Abnousse Shalmani réussit à faire dialoguer l’Orient et l’Occident à travers ces deux personnages et à exalter leur langue commune, celle de la liberté sans compromis.

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27 février 2024

Tout le monde connaît la supercherie littéraire de Romain Gary alias Émile Ajar. On connaît moins le pourtant fameux canular échafaudé par Boris Vian dont traite Vie et mort de Vernon Sullivan de Dimitri Kantchelov.
A l’origine, la rencontre de deux individus désabusés : Boris Vian qui vient de voir le prix de La Pléiade lui passer sous le nez, et Jean d’Halluin, le fondateur de la maison d’édition du Scorpion qui ne rencontre pas le succès espéré. « Il me faudrait un succès américain ! », lance Jean en sortant du Marbeuf sur les Champs-Elysées. Il n’en faut pas plus à Boris pour lui en promettre un sous dix jours. De là naît J’irai cracher sur vos tombes que Vian écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, un soi-disant auteur noir-américain.
Laissez-vous transporter dans l’atmosphère enfumée des caves de Saint-Germain-des-Prés où l’on croise notamment Sartre, Beauvoir, Queneau. Sous la plume espiègle et documentée de Kantchelov, découvrez l’histoire de ce succès de scandale, qui malmènera Vian jusqu’à sa mort et occultera, de son vivant, le reste de son œuvre.

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27 février 2024

Ilaria naît à Venise en 1699 dans une famille de marchands d’étoffes. Dès sa naissance, elle est placée à la Pietà, un établissement qui recueille habituellement les orphelins, leur délivre une éducation stricte et un enseignement de la musique au plus haut niveau. Comme ses parents le souhaitaient, Ilaria y apprend à pratiquer la musique en tant que violoniste et devient même la copiste privilégiée de Vivaldi. A l’adolescence, elle fait la connaissance de Prudenza, une jeune fille qui se rend à la Pietà pour apprendre le chant mais qui vit en dehors des murs de l’établissement. C’est grâce à elle qu’Ilaria découvre avec émerveillement Venise, ses îles et ses canaux, sa bonne société, mais aussi Paolo, avec lequel elle connaît ses premiers émois amoureux. Le Grand feu de Léonor de Récondo raconte l’expérience de la liberté. Un formidable récit initiatique porté par une écriture toute en sensibilité et en musicalité, mû par un désir fou, un feu immense.

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16 janvier 2024

Dans les années 80, Rose et Solange ont toutes les deux grandi dans le même village du Pays Basque. À 15 ans, Rose part en voyage scolaire à Madrid tandis que Solange vient de se découvrir enceinte. C’est à ce moment-là que leurs trajectoires prennent des chemins très différents. L’une va se destiner à des études de psychologie, une vie plutôt paisible et studieuse, l’autre va osciller entre l’ambition de devenir actrice, l’envie d’ailleurs et le désir d’une vie nocturne endiablée.
Le récit de Darrieussecq épouse successivement le point de vue de l’une et de l’autre, et devient une véritable machine à explorer la complexe « fabrique d’une femme ». Le contexte des années 80-90 dans lequel elles se sont construites est remarquablement décrit : les années sida, l’éclectisme de la scène musicale, Marcia Baïla, Prince, Barbara, les Doc Martens, le Prisu et les photomatons…
Subtil, intense et coloré, un roman qui donne envie de lire ou relire l’œuvre de Marie Darrieussecq !

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20 mai 2023

Un nouveau roman de Jessie Burton est toujours une excellente nouvelle, d’autant plus lorsqu’il s’agit de la suite du très remarqué Miniaturiste, paru en France en 2015.
En 1705, dix-huit ans après la disparition de Johannes et Marin, nous retrouvons les Brandt dans leur maison bourgeoise des quais d’Amsterdam : Thea, la fille métisse d’Otto et Marin, Nella, la sœur de Johannes restée pour élever Thea, Otto et enfin Cornelia, la servante de toujours.
Thea a 18 ans, rêve de théâtre et de voyages mais la situation financière de sa famille la dirige plutôt vers un mariage arrangé avec un riche avocat.
On entre dans ce livre comme dans un tableau : la palette est sombre pour décrire la société amstellodamoise de l’époque, extrêmement hostile, codifiée, où chacun s’épie. L’œuvre, pleine de mystère, trouve du relief dans les personnages qui l’habitent et dans les sujets qu’elle aborde, avec, au cœur de ceux-ci, la condition féminine, la difficulté à s’émanciper lorsqu’on est une femme et, qui plus est, métisse.
Notons enfin qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu Miniaturiste pour entamer la lecture de La Maison dorée.