Droit et sciences sociales
EAN13
9782200269029
ISBN
978-2-200-26902-9
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Cursus
Nombre de pages
192
Dimensions
21 x 15 cm
Poids
298 g
Langue
français
Code dewey
340.115
Fiches UNIMARC
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Droit et sciences sociales

De

Armand Colin

Cursus

24.00

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Introduction?>Le droit constitue l'une des formes majeures d'ordonnancement des relations sociales. À ce titre, il a fait l'objet d'élaborations philosophiques, doctrinales et techniques extrêmement variées et abondantes, qui visaient à exploiter ses ressources d'instrument d'intervention dans le domaine de la vie en société. C'est avec la naissance des sciences sociales que le regard porté sur le droit s'est déplacé, qu'il est passé, pour reprendre l'expression de François Ost et Michel Van de Kerchove (Ost & Van de Kerchove, 1991), de la scène au balcon. Le droit est alors devenu, non plus seulement une source de véridiction ou un instrument normatif, mais un objet d'enquête sociologique, anthropologique et linguistique. La multiplication des revues atteste de l'importance de cette interrogation nouvelle. Ceci ne signifie naturellement pas que les sciences sociales du droit se présentent aujourd'hui de manière unifiée. La combinaison de plusieurs disciplines (le droit et les sciences sociales) et traditions juridiques (civiliste et anglo-saxonne, pour ne parler que d'elles) a entraîné l'apparition de multiples « foyers » (Serverin, 2000) de production sociojuridique.Il serait toutefois réducteur d'opposer trop radicalement les sciences sociales du droit telles qu'elles se sont développées à l'ombre de la Common Lawà celles qui se sont inscrites dans des contextes juridiques de tradition civiliste. Dans les deux cas, il faut bien constater l'obstacle constitué par le dogmatisme juridique sur le chemin d'une analyse du droit informée par les sciences sociales. Dans les deux cas, il convient également de constater une double réticence : celle des juristes, qui hésitent à emboîter le pas des sciences sociales ; mais aussi celle des sciences sociales, qui ne parviennent pas vraiment à « prendre le droit au sérieux » (Dworkin, 1977), se cantonnant souvent dans une attitude critique de soupçon et de dénonciation. C'est ainsi que l'étude de l'ontologie du droit reste encore largement à faire. Comme le souligne Bruno Latour, « dire du droit qu'il est symbolique, qu'il est une chose mentale, une production du cerveau humain, une construction sociale arbitraire, reviendrait à capituler d'entrée de jeu en renonçant à découvrir l'ontologie propre qui lui convient » (Latour, 2002 : 295-296).L'ouvrage qui suit entend présenter les différentes façons, pour les sciences sociales, de faire du droit leur objet. Il a semblé possible de les regrouper en quatre tendances. Tout d'abord, le culturalisme, qui fait du droit un reflet des différentes cultures propres au genre humain et le porteur de leurs structures profondes et valeurs essentielles. Nous regroupons, sous ce label, les écoles historiques (école historique allemande, école des sciences juridiques historiques et comparatives, courants évolutionnistes), l'anthropologie du droit (anthropologie coloniale, anthropologie culturelle, anthropologie interprétative) et les courants se réclamant du pluralisme juridique (le droit vivant, le nouveau pluralisme juridique, la polycentricité, le nativisme). La tendance critique, ensuite, qui, interrogeant le droit en tant que fait de société, y voit principalement l'instrument de l'organisation et de la reproduction du pouvoir et des rapports de domination. Dans cette mouvance, nous considérons la sociologie du droit dans la tradition française (l'œuvre de Durkheim et de ses héritiers, la juristique, la sociologie politique du droit), la sociologie dans la tradition anglo-saxonne (la sociological jurisprudence, le courant Law and Society), les traditions critiques (marxisme, théorie de l'agir communicationnel, théorie des champs, postmodernisme, Critical Legal Studies, psychanalyse). Nous identifions également une tendance institutionnaliste, qui, sous des formes très diverses, s'interroge sur le droit en tant que système positif de régulation des rapports sociaux et en traite donc comme d'une institution sociale. Sous ce label, nous regroupons les différentes formes de positivisme juridique (Austin, Kelsen, Hart), les théories compréhensives (Weber et son héritage) et les tendances fonctionnalistes et systémiques (Malinowski, Parsons, autopoièse). La quatrième tendance est, pour sa part, d'inspiration pragmatique ou praxéologique. Elle tend à saisir le droit tel qu'en lui-même, dans son déploiement contextuel, ses interactions, son activité de production de sens, ses pratiques. Nous y plaçons la philosophie du langage (Wittgenstein, Austin), les courants réalistes (réalisme américain, réalisme scandinave, nouveau réalisme), les tendances interactionnistes et constructivistes (interactionnisme symbolique, sémiotique juridique, théorie narrativiste, sémiotique latourienne) et les études praxéologiques du droit (ethnométhodologie, analyse de conversation, ethnographie du travail juridique).
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