- EAN13
- 9782912833310
- ISBN
- 978-2-912833-31-0
- Éditeur
- PROVINCIALES
- Date de publication
- 22/05/2013
- Nombre de pages
- 426
- Dimensions
- 19,5 x 14,5 x 2 cm
- Poids
- 250 g
- Langue
- français
- Langue d'origine
- anglais
- Fiches UNIMARC
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L'AUTEURYoav Gelber est le principal spécialiste israélien de l'histoire de la fondation et des premières années de l'État d'Israël. Il a étudié l'absorption des immigrants d'Europe centrale et leur contribution à la société israélienne, l'histoire diplomatique d'Israël, la genèse de ses Forces de Défense, et les services de renseignement. Né en 1943, petit fils d'un historien ayant quitté l'Allemagne en 1933, il a d'abord été officier combattant de Tsahal jusqu'en 1975, après quoi commença sa carrière à l'université hébraïque de Jérusalem. Il a tiré de sa connaissance du terrain et des exigences opérationnelles une méthode d'investigation et une écriture rigoureuses et attentives au déroulement des faits et qui l'éclairent avec beaucoup d'efficacité.Membre de la Commission d'enquête sur la guerre du Kippour, qui avait conduit l'État d'Israël à de graves mises en cause, puis membre de la Commission d'enquête sur l'assassinat d'Arlosoroff, il démissionna de ses fonctions publiques pour protester contre le refus initial du gouvernement israélien d'ordonner une telle enquête au sujet des massacres de Sabra et Chatila pendant la guerre du Liban. Son action contribua néanmoins à la création ultérieure de la commission Kahan. Yoav Gelber est aujourd'hui professeur à l'université de Haïfa et enseigne au centre interdisciplinaire international de Herzlyia.A propos de la Guerre d'indépendance de 1948, la première guerre israélo-arabe qui donna naissance au problème des réfugiés palestiniens, il a souvent contredit des historiens célèbres tels Benny Morris, le chef de file de ce que l'on a appelé dans les années 90 les « nouveaux historiens » israéliens ou Illan Pappé. Ces « nouveaux historiens » réexaminèrent de façon critique l'histoire d'Israël, profitant notamment de l'ouverture des archives dans les années 80... mais leur révision manqua d'équilibre (les archives arabes d'ailleurs ne sont toujours pas accessibles) : dans l'idée d'Åuvrer à la « réconciliation » des deux peuples, un auteur comme Illan Pappé ira jusqu'à renoncer parfois à toute rigueur scientifique pour simplement épouser le point de vue des Palestiniens. Il voulut lancer l'idée que ceux-ci avaient été victimes d'un « nettoyage ethnique », et prétendit comparer le « négationnisme de la Shoah » et le « négationnisme de la Nakba » : « Imaginez-vous le choc que cela provoquerait si 1948 était revisité ? » disait-il dans une interview du journal Le Monde au printemps 2000. De fait 1948 a bien été « revisité » - mais pas dans le sens qu'il croyait. Par Yoav Gelber le premier, puis par Benny Morris, qui dû reconnaître qu'il s'était trompé : c'est donc Yoav Gelber qui fait figure de classique.LE LIVRESon livre Palestine 1948 publié en hébreu et en anglais dans les années 2000 a pris le rang d'une référence internationale incontournable. « Il y a eu des histoires plus tape-à-l'Åil sur la guerre d'indépendance d'Israël et des histoires plus longues, a écrit l'Américain Daniel Pipes, mais aucune n'est aussi bien informée, plus sensée, et plus irréfutable que le compte-rendu magistral de Gelber. Tirant pleinement parti des archives et les mêlant dans un récit vivant, il fournit assez d'explications pour faire que les hostilités prennent vie sans jamais s'enliser dans les détails. Il rejette également avec élégance et aisance le particulièrement irritant travail des soi-disant nouveaux historiens, qu'il trouve partial et incomplet. » On peu même dire que l'inflexion radicale, disons le revirement de Benny Morris qui a tellement surpris la gauche israélienne et les mouvements pro-palestiniens doit beaucoup à la solidité de ce travail, à tel point que Benny Morris a dû publier sa nouvelle version de l'histoire de 1948 pour se corriger lui-même.Pourtant le public français paraît souvent demeuré au stade de cette provocation circonstancielle de « nouveaux historiens » quelque peu vieillissant. C'est donc ce texte de référence de Gelber qu'il a paru nécessaire de faire connaître dans une édition en français qui reprend les acquis indispensables de son travail, mais dans une présentation qu'il a allégée et adaptée, et accompagnée d'une postface inédite rendant compte des derniers développements suscités et soulignant leurs enjeux politiques.Gelber explique que les Palestiniens ont d'abord été victimes de leur propre agression et de l'incompétence de leurs alliés, les États arabes. Il rappelle que leurs violences avaient commencé six mois avant le retrait des Britanniques, lorsque soutenus par la Ligue arabe, ils s'efforcèrent d'empêcher que se produise la partition décidée par l'ONU. Mais choisissant d'agir depuis l'étranger, même après le départ des Britanniques, ils négligèrent de structurer leur organisation sur place et le pays fut livré au chaos. L'effondrement subit de la société palestinienne surpris tout le monde, et la Ligue arabe se montra aussi peu capable de décider d'un avenir pour les Palestiniens que de le laisser entre leur mains. Pourtant le but initial de sa guerre n'était pas de détruire l'État sioniste, mais de prendre en charge la zone dévolue aux Arabes. Les régimes arabes redoutaient que leurs armées dévouées à des tâches de maintient de l'ordre subissent un revers qui au retour les pousseraient à s'en prendre à leurs gouvernements - et c'est précisément ce qui arriva. En fait ils n'avaient pas la force de « jeter les Juifs à la mer », et leur rhétorique s'adressait surtout à l'intérieur - mais les Juifs y ont cru... Des destructions de maisons et quelques exécutions semèrent la panique parmi la population arabe et contribuèrent à sa fuite, mais les Juifs n'eurent jamais aucune disposition pour un « nettoyage ethnique ». Après la trêve des centaines de milliers de réfugiés commencèrent à réaliser que leur expérience historique - exil temporaires et retour dans les foyers ne se répéterait pas. Dans la nouvelle réalité, l'état de belligérance se perpétuant, les Israéliens ne pouvaient leur permettre de retourner chez eux et les a transformés en réfugiés à long terme.La guerre de 1948 a eu des conséquences considérables pour le monde entier, mais elle n'est pas terminée. Gelber relève que « cette atmosphère de siège qui n'en finit pas affecte naturellement l'écriture israélienne de la guerre ». D'ailleurs la narration a changé plusieurs fois de style : au début par exemple, sous Ben Gourion, la gauche israélienne se plaisait à exagérer l'importance du soutien soviétique initial aux côtés d'Israël. Tous croyaient en la « pureté des armes » juives, à la supériorité matérielle des Arabes. Mais quoi qu'il ait laissé dire, Ben Gourion lui-même savait - et il l'avait expliqué à la Knesset en 1960 - que « les Arabes étaient divisés et mal équipés et que c'est seulement pendant les trente premiers jours de la guerre, parce que l'armement des Israéliens était encore à l'étranger, qu'ils eurent une brève supériorité en armes. Mais ensuite, et quoi que cela puisse paraître étrange, nous avions une meilleure armée ». L'anxiété du jeune État toutefois était compréhensible et ses pertes furent très lourdes (1% de la population). Les gouvernements arabes n'eurent que le souci de rejeter toute la faute du désastre sur leur ennemi et sur les grandes puissances et de s'exonérer, non de faire l'analyse de leur responsabilité, et ils masquèrent tant qu'ils le purent l'étendue de leur défaite. Et ce n'est qu'après la guerre du Kippour et sa stabilisation, que les réfugiés palestiniens revinrent au centre du conflit.
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