Quand je serai à la retraite

«Quand je serai à la retraite…» Combien de fois ai-je prononcé ces mots? Des centaines, des milliers de fois, renvoyant au futur le champ presque infini des possibles car, quand je serai à la retraite, je ferai TOUT ce que je n'ai pas pu faire en travaillant. Maintenant que je suis à la veille d'être libérée de mes contraintes professionnelles, maintenant que je peux envisager de pouvoir me réapproprier chaque heure, chaque minute, chaque seconde de mon temps de vie, eh bien… l'appréhension pointe son nez, l'angoisse me noue. Et si je m'étais trompée? Et si c'était le travail qui me structurait, qui donnait du sens à ma vie? Et si les moments de vacuité, de loisirs, n'avaient de valeur que parce qu'ils étaient rares, attendus et désirés? Et si, sans mon identité professionnelle je n'étais plus moi? Et si je n'étais plus rien? Et si, privée de la reconnaissance des autres, je n'existais plus tout à fait? Et si je devenais une coquille vidée de sa substance? Et si je déprimais… et si mon moi profond, celui avec lequel j'allais me retrouver en tête à tête, en cœur à cœur, se révélait creux… Et si… Et si, après avoir réussi mon parcours professionnel, je ratais ma retraite? Mère de trois enfants, chef d'établissement scolaire en France et à l'étranger, Marie Berger a tenté de concilier au mieux sa vie professionnelle et sa vie personnelle dans un rythme intense et soutenu. Alors qu'elle avait fait le choix de donner une importance majeure à sa carrière professionnelle, elle décide un jour que son temps et son énergie ne seront plus consacrés exclusivement au travail. Elle décide alors de prendre une retraite anticipée pour se réapproprier sa vie, et vivre selon ses désirs et ses nouvelles priorités.