Les mots du deuil

Comment exprimer l’inexprimable ? Comment justifier l’injustifiable ? Comment accepter l’inacceptable ? Comment survivre au fond du gouffre abyssal qui nous engloutit subitement ? La perte brutale d’un être cher, d’un être aimé, trahit définitivement la vie de ceux qui restent. En un instant fatal - et irréversible ! -, nous perdons tous nos repères. Nos valeurs basculent instantanément dans une nouvelle dimension, instable et fluctuante. Le cours de notre histoire est soudain bloqué, distordu, parasité, dévié. […]Absents à nous-mêmes, nous sommes désormais spectateurs d’un jeu humain qui ne nous concerne plus vraiment. Repliés sur notre souffrance morale mais également physique, nous faisons acte de présence. Avec plus ou moins de talent. Et rien que cela nous coûte une énergie folle que seuls ceux qui traversent la même douleur peuvent comprendre, comme le disent, sans exception, tous ceux qui portent le poids d’un deuil. Une mère qui pleure son enfant ressent souvent le même vide dans ses entrailles qu’après l’avoir mis au monde. Mais ce vide ne sera jamais comblé, comme ce jour-là, par le visage enchanteur de son bébé quand elle l’a entouré de ses bras pour la première fois de sa vie. De leur vie… C’est un visage inerte, inexpressif, dont elle ne peut plus recevoir le regard malgré ses supplications désespérées d’un inutile appel à revivre, à re-naître à son amour, qu’elle scrute éperdument - pour la dernière fois -, quêtant le moindre signe de prodige.D’instinct, ses bras se croisent sur son ventre. Mais il n’y a plus rien à protéger. Son cœur, définitivement mutilé, est devenu un cimetière. Béance absolue. Définitive.Un livre où témoignages et analyses se succèdent, pour appréhender, surmonter ou comprendre le deuil.