Les papes ou Le bréviaire de maître Gorgibus

« Heureux les simples d’esprit, car le royaume des cieux est à eux. »
Simple, l’abbé Gorgibus l’était assurément, pour ne pas dire plus. Seul, dans son abbaye de Sainte-Paluche, il rédigea 45 vies de saints inédits, de saint Tromblon à sainte Pastèque, en passant par saint Camembert, sainte Pustule et saint Caramel. Ces saints hirsutes, baroques et hallucinés, constituent le catalogue des Papes, ainsi nommés par Gorgibus lui-même : « j’aime le mot Pape car il évoque pour moi le bruit d’un flacon qu’on débouche. » De sainte Pistache, spécialiste ès farces et attrapes, à saint Melon le prétentieux, de la sinistre sainte Horreur à saint Carafon, patron des piliers de bistrots, Gorgibus dresse une liste absurde et réjouissante de figures bariolées, illustrée d’ustensiles et de reliques inattendues ( patins en fonte de Saint Grelon, calculatrice à spatules de sainte Moufle, etc.).

Les hagiographies dont il est ici question n’ont donc que peu à voir avec un austère cortège de saints homologués : c’est une farandole de pitres, de fous et de bouffons. Ici, les hosties pétillent sous la langue, tout le monde peut marcher sur l’eau et lorsqu’on canonise, c’est à coup de canon »