- EAN13
- 9782748904376
- Éditeur
- Agone
- Date de publication
- 30/11/2021
- Collection
- Mémoires sociales
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782748904376
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« Le Ghana fut vidé de la totalité de son patrimoine au profit des boutiques,
salles de vente et musées de l’Europe et des États-Unis. En 1998, le musée
Barbier-Mueller de Genève exposait quelques statuettes koma, présentées avec
la remarque : “Un peuple dont on ne connaît rien.” Le mystère dopant les prix,
les “terres cuites koma” se vendirent d’autant mieux qu’elles représentaient
les dernières traces d’une civilisation engloutie. Que les archéologues,
doublés par les pilleurs, n’aient pu achever leur étude, c’était une perte
pour la science, mais une multiplication des gains pour les marchands. »
Le marché de l’art peut bien remplacer l’expression « art nègre » par « art
primitif », son seul souci demeure de satisfaire les demandes de ses
consommateurs. Pour durer, il s’adapte, sans renoncer aux expropriations qui
lui procurent son oxygène : peintures rupestres découpées à la tronçonneuse,
manuscrits volés, squelettes d’animaux préhistoriques, vestiges revendus sur
les marchés touristiques, tombes profanées. C’est le plus pernicieux des
marchés et la plus symbolique des destructions que subissent les pays du Sud,
où matières premières, sources d’énergies, productions agricoles et
culturelles continuent d’être drainées vers une poignée de pays riches.
Philippe Baqué est journaliste, auteur et réalisateur de documentaires. Il a
notamment dirigé La Bio. Entre business et projet de société (Agone, 2012) et
écrit Homme augmenté, humanité diminuée. D’Alzheimer au transhumanisme, la
science au service d’une idéologie hégémonique mercantile (Agone, 2017).
salles de vente et musées de l’Europe et des États-Unis. En 1998, le musée
Barbier-Mueller de Genève exposait quelques statuettes koma, présentées avec
la remarque : “Un peuple dont on ne connaît rien.” Le mystère dopant les prix,
les “terres cuites koma” se vendirent d’autant mieux qu’elles représentaient
les dernières traces d’une civilisation engloutie. Que les archéologues,
doublés par les pilleurs, n’aient pu achever leur étude, c’était une perte
pour la science, mais une multiplication des gains pour les marchands. »
Le marché de l’art peut bien remplacer l’expression « art nègre » par « art
primitif », son seul souci demeure de satisfaire les demandes de ses
consommateurs. Pour durer, il s’adapte, sans renoncer aux expropriations qui
lui procurent son oxygène : peintures rupestres découpées à la tronçonneuse,
manuscrits volés, squelettes d’animaux préhistoriques, vestiges revendus sur
les marchés touristiques, tombes profanées. C’est le plus pernicieux des
marchés et la plus symbolique des destructions que subissent les pays du Sud,
où matières premières, sources d’énergies, productions agricoles et
culturelles continuent d’être drainées vers une poignée de pays riches.
Philippe Baqué est journaliste, auteur et réalisateur de documentaires. Il a
notamment dirigé La Bio. Entre business et projet de société (Agone, 2012) et
écrit Homme augmenté, humanité diminuée. D’Alzheimer au transhumanisme, la
science au service d’une idéologie hégémonique mercantile (Agone, 2017).
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