Roman de Roberte

\- Sans doute il est terrible de perdre l’homme qu’on croyait aimer. Mais la
passion même, qui est à nous, en nous et qui est finalement nous-mêmes... Elle
est notre seule propriété, sans elle on est nu, démuni... Elle n’est pas
accessoire comme l’homme hasardeux sur qui elle s’est appuyée un moment. Elle
est la consolation d’une douleur qui n’appartient qu’à nous et quand elle se
perd, elle nous fait glisser avec elle au néant... Vous voulez que j’oublie ?
C’est ce que la plupart des gens font. Je ne veux pas ! Perdre sa passion,
c’est perdre ce qui faisait le prix même de la vie. C’est s’évanouir,
s’absenter, disparaître, se perdre soi-même, enfin. Les lumières s’allumaient
au loin. Aucun bruit ne parvenait à ce vingtième étage. Ç’aurait pu être la
vie conjugale, la vie ordinaire et douce... F.B.