A l'est d'Eden

John Steinbeck

Le Livre de poche

  • Conseillé par (Libraire)
    17 juillet 2020

    "A la question « quelle est votre livre préféré ? » il est toujours difficile de répondre. Par contre je peux vous dire sans hésitation que
    le roman A L’Est d’Eden de John Steinbeck serait un de mes favoris.
    Publié dans les années 50, et plus tard adapté au cinéma, ce livre vous raconte l’histoire de deux familles, les Trask et les Hamilton.
    Sur plusieurs générations se dessine l’histoire des hommes dans cette nature difficile à dompter qui fait toute la beauté de la Vallée de Salinas en Californie du Nord.
    Amour, vengeance, trahison, rédemption… vous ne pouvez pas lâcher cette fresque absolument magnifique.
    Dans un style unique qui lui a valu le prix Nobel de littérature, John Steinbeck met le cœur des hommes à rude épreuve.
    N’hésitez pas à lire ou à relire ce chef-d’œuvre car il n’y a pas de date de péremption."

    Stéphanie - Libraire La Seyne


  • Conseillé par
    28 octobre 2010

    Déchus du paradis terrestre, l'homme, raconte l'Ancien Testament, fut chassé, à l'est d'eden, où les générations malgré les difficultés, prospérèrent.

    C'est ici l'histoire de la chute, du complexe rapport au bien et au mal, à la liberté et à la damnation, que narre John Steinbeck.

    Adam et Charles Trask vivent dans une amérique du début cruel du XXème siècle, et semblent condamnés à revivre l'éternelle histoire des frères ennemis.
    Adam est un idéaliste et un rêveur, à l'instar de ce premier homme dont il porte le nom, il est confiant, aimant, dès lors comme voué à la trahison.
    Charles, fort et violent, mal aimé et mal aimant, trace sa solitude aussi rudement que les sillons de sa terre.
    La rencontre avec Cathy mettra à mal le monde d'Adam, elle l'abandonnera avec leurs deux jumeaux, Caleb et Aron, à une vie d'homme déchu, déçu, de créature divine à animal errant.
    Les deux frères viennent au monde dans ce monde marqué par ce sceau, et c'est entre eux le combat pour une place dans un monde paradoxalement toujours trop vaste pour que tous puissent y vivre en harmonie.

    L'auteur nous rappelle qu'au lendemain du meurtre d'Abel, alors que Dieu interroge Caïn, celui-ci est envoyé loin, dans des terres étrangères, souillé par son crime, mais ne le laisse non moins libre et maître de sa destinée, et c'est finalement de lui dont les générations seront issues.
    C'est Lee, le serviteur chinois, qui fait office de choeur dans cette anti-tragédie grecque, qui revient sur le mot hébreux de "tishmel" qui signifie à l'homme qu'il peut dominer sur le péché: "Mais si tu peux, voilà qui grandit l'homme, qui le hausse à la taille des dieux, car dans sa faiblesse, sa souillure, et le meurtre de son frère, il a le grand choix. Il peut choisir la route, lutter pour la parcourir et la vaincre".

    Le péché, la violence, la colère, sont comme autant de blessures autour des quelles se forge la perle fragile du courage, de la volonté et de la force.
    Personnages trop honnêtes et trop bons pour une réalité aride, Aron et Adam sont vaincus et anéantis par la noirceur du monde, car ils ne peuvent du coup en apprécier la véritable saveur.
    A l'inverse, Cathy est comme handicapé par son incapacité à entre percevoir la moindre bonté (Adam perd l'usage de sa vision, Cathy celle de ses mains).

    Roman du réalisme, et non du désenchantement, appel à la volonté, véritable foi en l'homme, Steinbeck porte à l'est d'eden les pas de Caleb. Non pas vers un quelconque paradis terrestre, dans lequel il serait irrémédiablement damné, mais vers une terre d'hommes, où aucun Dieu ne prédestine aux parcours de ses créatures, où aucune malédiction ne vient plus soulager l'homme de ses fautes, où la responsabilité permet de relever la tête là où la culpabilité la ploie.