Clichy, roman

Vincent Jolit

La Martinière

  • Conseillé par
    12 janvier 2014

    découvrir, lire ou redécouvrir Céline !!!

    Aimée, mais si vous savez bien, cherchez dans vos mémoires, dans vos souvenirs, à quoi ressemblait-elle, que pensait-elle, hum !!!
    Aimée, c’est la personne effacée, toujours présente, réelle, mais tellement effacée !!!

    On se souvient vaguement, comme une image floue de la personne, qui était toujours là pour faire ce qu’on lui disait de faire, mais sans bruit, sans éclat…
    Et c’est tout l’art d’Aimée, elle est la gentille fille, celle qui travaille, et qui ne sait pas dire non, et quand le docteur Louis lui demande de dactylographier son manuscrit, c’est enfin l’occasion à saisir, son moment de gloire, elle s’applique à la tâche, se remet en cause, vit et tremble de ce qu’elle lit et tente même d’apposer ses critiques, pour la postérité se dit-elle !!!
    Et inéluctablement, Louis la trompe, la berne, elle qui croyait enfin avoir de l’importance, que l’oeuvre allait en partie lui revenir, mais c’était sans compter sur la duplicité de l’auteur,
    Aimée restera à jamais la petite main de voyage au bout de la nuit, qui fût et restera un ouvrage controversé ...


  • Conseillé par
    15 décembre 2013

    "Pour Aimée, le texte qu’elle a sous les yeux n’est pas français. Ou alors, si, du français comme l’écrivent les enfants: ponctuation aléatoire, excitation improbable, enchaînement incohérent.»
    1929 à Paris.
    «Paris et ses monuments, l’émerveillement des grandes avenues, la majesté de la tour Eiffel, la douceur des parcs, le bruit réconfortant des bistrots.»
    1929 à Clichy.
    «Clichy, à cette époque, on ne sait pas trop ce que c’est. Plus vraiment la campagne, pas encore Paris. Une ville poisseuse, grise et humide. Déjà l’endroit où la capitale déverse ses déchets et ses indésirables.»

    1929. La Grande Guerre se cicatrise… En attendant la prochaine…

    Aimée est secrétaire au dispensaire du 10, rue Fanny, à Clichy.
    Dispensaire d’hygiène sociale où l’on soigne toute la misère du monde.
    Habillé de tricots mangés par les mites, pouilleux comme ses malades, un certain Louis Ferdinand Céline reçoit les tuberculeux et autres syphilitiques. Un médecin des pauvres.

    Aimée, fille unique de bretons émigrés à Paris.
    Aimée, on pourrait l’oublier.

    Céline écrit son «Voyage au bout de la nuit.»
    Céline, on ne l’oubliera pas.

    L’écrivain propose à Aimée de dactylographier son premier roman.
    Céline lui apporte ses brouillons dans une brouette.
    Aimée sera donc la première lectrice de ce roman qui va révolutionner la littérature.
    Aimée choquée, dégoûtée par ce style anarchique, ces expressions vulgaires, ces personnages lubriques.

    Cette Aimée est très attachante. La troublante relation qui, petit à petit, s’installe entre Aimée et Louis est touchante à lire.

    J’ai trouvé ce livre vraiment agréable. Un très bon moment de lecture.

    Vincent Jolit est né en 1978 à Hyères dans le Var. Après l’obtention de son DEA de Lettres modernes consacré à l’intertextualité romanesque, il devient bibliothécaire à la médiathèque de Hyères. Il vit actuellement à Toulon.

    «Clichy» est son premier roman. Et là je dis : «Bravo et merci !»

    «L’originalité est très peu de chose. C’est plutôt une petite technique, nouvelle, par exemple comme le crawl à la place de la brasse…» (Céline)
    Le style de Céline invente un crawl littéraire.