Les Mangeurs de nuit

Marie Charrel

Éditions de l'Observatoire

  • Conseillé par
    12 juin 2023

    Canada, légendes

    Je savais que les japonais émigrés aux Etats-Unis avaient été parqués le temps de la seconde guerre mondiale, j’ignorais qu’il en fut de même au Canada.

    J’ai eu de la peine pour Aika, jeune japonaise qui débarque au Canada pour se marier avec un homme qu’elle ne connait pas. Le bateau qui la transporte est rempli de ces femmes. Mais j’ai aimé son courage tout au long de sa vie.

    J’ai aimé son amie de voyage Kiyoko, une femme pragmatique qui ne souhaite pas vraiment se marier mais plutôt devenir indépendante dans ce nouveau pays.

    J’ai aimé sa fille Hannah, bilingue et avide des histoires de son père qui lui raconte les légendes japonaises.

    Je suis restée un peu plus distante de Jack, le creekwalker solitaire dont la mère adoptive appartient à la nation autochtone tsimshian.

    J’ai appris que les immigrés de la première génération étaient appelés les Issey, et la seconde les Nissey.

    J’ai aimé découvrir l’écosystème du saumon en Colombie-Britannique : les ours et les loups s’en repaissent, mais aussi les mousses des rives et les herbes qui absorbent les minéraux des carcasses, les mammifères se nourrissent des herbes, ainsi que les insectes.

    J’ai découvert l’AEL : l’asiatic exclusion league qui pourchassait les japonais et les terrorisait. Mais j’ai aimé que certains personnages se rebiffent et fassent croire que l’armée du Japon, s’était eux.

    J’ai aimé les contes et légendes, notamment celle de l’ours blanc, racontées dans ce roman en plus du récit initial.

    Quelques citations :

    Le désir des hommes est insatiables, et nous avons du pouvoir sur eux. Voilà pourquoi j’ai ouvert un bordel plutôt qu’un restaurant : j’y gagne beaucoup plus d’agent. Ici, j’ai du pouvoir. (p.103)….

    l’obscurité ne tuait pas la lumière. Elle la révélait. Les souffrances et les deuils, les blessures que lui infligeaient la vie, ses propres faiblesses et échecs ne rendaient que plus intenses et précieuses encore l’étincelle qui brûlait en lui. (p.109)

    Pourquoi tu penses que les Japonais réussissent si bien dans le commerce ? Pas parce qu’ils sont plus doués avec l’argent, loin de là, mais grâce aux femmes qui, dans les arrières-boutiques, tiennent les compte et gèrent les relations avec les fournisseurs. (p.118)

    L’image que je retiendrai :

    Celle du père de Hannah lui racontant la légende des mangeurs de nuit qui donne son titre au roman.


  • Conseillé par (Libraire)
    24 février 2023

    Une pépite , magnifique!!

    L'auteur nous emmène en Colombie britannique des années 1920 à l'après-guerre. Sur fond de racisme envers les Japonais on retrouve Hannah qui est une Nisei, une fille d’immigrés Japonais. Bercée de contes nippons pendant son enfance elle se sent malgré tout canadienne.

    Jack lui est un creekwalker, il veille sur la forêt et sur les saumons qui parcourent les cours d'eau. Il aime la nature et les contes des autochtones. Ces deux personnes que tout opposent vont se retrouver intimement liés l'un à l'autre.

    Contes japonnais et légendes canadiennes se lient dans une ode à la nature sublime et à la fraternité. Marie Charrel a une plume unique et nous fait voyagé en nous subjuguant.


  • 19 janvier 2023

    Les mangeurs de nuit- Marie Charrel

    Jack est un screenwalker, il parcourt les forêts et compte les saumons dans les rivières de Colombie-Britannique pour l'Etat canadien. Solitaire, il évite le contact des hommes qui l'ont souvent déçu, préférant la compagnie de ses deux chiens et de ses souvenirs d'enfance passée auprès de son frère, mort à la guerre. Mais l'ordre des jours est troublé lorsqu'il découvre une jeune japonaise blessée et sans connaissance, vraisemblablement attaquée par un ours. Pendant de longues semaines Jack va prendre soin d'elle et tenter de la ramener à la vie. Il va comprendre qu'Hannah s'est échappée d'un camp de détention et qu'elle porte en elle une histoire faite de ruptures, de deuils et d'abandons. Malgré leurs différences, tous deux partagent une même façon d'habiter le monde, respectueux de la nature et sensibles aux légendes et contes de leur enfance.

    De 1920 à l'après-guerre, Marie Charrel nous livre une grande fresque historique et sociale portée par un souffle romanesque unique. Un gros coup de coeur!


  • Conseillé par
    16 janvier 2023

    « Pictures brides »

    Le destin réunit Hannah, fille d'immigrés japonais, et Jack « creekwalker » ou gardien de forêt.

    Deux solitaires liés par leur proximité de la nature et leur enfance baignée de contes japonais et légendes indigènes, deux personnalités résistantes boostées par la biodiversité avoisinante.

    L’auteur revient sur leur histoire personnelle, leurs blessures d’orphelins, le vécu de leur différence, leur culpabilité.

    Retour sur la violence raciste subie par les japonais opprimés au Canada des années 1920 à l’après-guerre.

    Récit historique, familial, instructif, rythmé, poétique, bienveillant.

    Passionnant. Marie Charrel a la plume magique.