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    23 janvier 2020

    À Venise, le printemps peine à s'imposer et cède le pas à la grisaille. Enfermé dans son bureau, le commissaire Guido Brunetti lit des rapports de police quand il est tiré de sa léthargie par un appel de la conservatrice de la bibliothèque Merula. Lors de l'inventaire, les employés ont constaté la disparition de plusieurs volumes rares et la détérioration de livres anciens dont on a arraché des pages sans vergogne. Plus habitué à enquêter sur des crimes de sang, Brunetti se laisse tenter par cette immersion dans le monde des livres, en bon amoureux de la littérature qu'il est. D'autant que l'affaire est simple et le coupable tout trouvé en la personne d'un chercheur américain qui bien sûr s'est volatilisé depuis la découverte de son forfait. Sur place, le policier ne peut que supposer que le voleur a bénéficié de complicités au sein même de la bibliothèque. Mais qui aurait voulu l'aider ? Et pourquoi dégrader et dérober des livres anciens ? Comme souvent, c'est l'agent qui motive les actes des délinquants et Brunetti découvre le cercle fermé des bibliophiles, des collectionneurs et des gros sous. Mais un livre vaut-il un vie ? Quand un éventuel témoin est assassiné, le commissaire comprend que l'affaire est plus complexe qu'il n'y paraît.

    Donna Leon, Brunetti, Venise et les livres ! Un quarté gagnant pour une enquête, certes lente, mais qui nous permet de nous introduire dans les rayons de la très belle bibliothèque Merula. Et si les livres anciens sont au cœur du roman, Venise n'est pas en reste, entre campi, canaux, nobles comtesses et un petit tour au café Florian, la visite est toujours agréable et le commissaire un excellent guide, surtout quand il s'attable devant de délicieux artichauts ou une platée de jeunes crabes. Evidemment, le tableau idyllique est terni par la corruption qui règne dans toutes les sphères de l'Etat. L'argent achète tout et, s'il fait de Venise une ville riche, il causera aussi sa perte. Donna Leon en profite pour dénoncer les élus qui laissent encore et toujours les paquebots entrer dans la lagune sans se soucier des lourdes conséquences pour une ville en sursis.
    Venise sera-t-elle toujours Venise ? On peut douter, mais Brunetti, lui, reste fidèle à ses intuitions, ses fidèles collaborateurs, son amour pour la littérature antique, sa femme, ses enfants et la bonne cuisine vénitienne.
    Un opus agréable, dans la lignée de la série, tranquille, lent mais toujours dépaysant.